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Partitions

11 Novembre 2014 , Rédigé par Chrysalis Publié dans #Textes, #Pensées, #Ego, #Life, #Love, #Fucked up

C'est toujours la même histoire, la même partition.

Je te rencontre, généralement en soirée, lorsque mon visage est tourné vers la fête et la joie de vivre. Vient toujours cette même discussion, celle où l'on en apprend un peu sur les cicatrices de l'autre, sur cette armure inexpugnable que nous avons endossé, sur cette évidence claire et forte d'être dans une période où la vie semble plus simple ornée de rencontre de passage, et où l'envie de construire quelque chose à deux nous a quittée pour un temps indéterminé. Parfois même, le mot "jamais" est prononcé. Mais le désir, lui, est le bienvenu, et le désir s’installe, et le désir nous embrase. Les règles sont posées, tout ce qui ne les enfreint pas est autorisé, peut être même conseillé. Les lèvres se touchent, les corps se frôlent, les souffles se confondent. Le matin nous trouve enlacés. Tu m'as rencontrée exubérante, tu m'a apprise blessée, à présent tu me découvre câline.
Les retrouvailles s'enchaînent, il est de plus en plus dur de se quitter au matin. Je guette mon téléphone, et tu réponds de plus en plus vite et de plus en plus souvent. C'est le moment où on apprends à se connaître, et où on veut en savoir toujours plus. On fait des choses ensemble, on s'amuse, on parle, on partage... Nous sommes comme deux amis de longue date, désireux de passer du temps ensemble. Mais lorsque les portes se ferment sur notre intimité, notre cocon, les amis deviennent amants, et les corps, à leur tour, sont avides d'aller plus loin dans leur apprentissage l'un de l'autre. Là encore, on veut en savoir toujours plus, comme pour le livre qu'on nous a offert et qui se révèle si passionnant qu'on se retrouve sous la couette, les yeux fatigués d'avoir trop lu, mais avides d'en savoir encore plus...

Et c'est alors, toujours, que les mêmes mots reviennent, les mêmes phrases, les mêmes doutes. Trois jours au plus court, une semaine au plus long. Toujours ce temps si court, toujours cette course qui est allée trop loin, trop vite.
Tu es bien avec moi. Tu m'as découverte autrement. Tu t'es laissé surprendre. Tu ne comprends pas bien ce qui t’arrive. Tu étais pourtant persuadé que tu ne risquais rien, que ton armure était de l'acier le plus dur. Tu me l'avais même dit "Je te rassure, avec moi, ca ne risque pas." Mais voilà, c'est comme ça, tu ne veux pas le nier, tu ne veux pas attendre, tu ne veux pas souffrir, et les questions se posent. Tu as besoin de savoir, tu as besoin de réponses. Et je ne peux pas te les apporter.
Ma carapace s'est refermée,c'est trop tôt, trop rapide, trop fort, trop soudain, trop vite. Et si par malheur la beauté du risque me tente, l'espoir et la peur mêlés se teintent de résignation. Les erreurs ont déjà été faites, je ne peux les refaire. C'est un feu voué à s'éteindre aussi vite qu'il a surgit, un orage qui ne laissera qu'un sol détrempé.
Nous nous disons alors au revoir, et nos âmes se séparent en même temps que nos corps, malgré les promesses de conserver cette rencontre comme un trésor, de préserver cette complicité. Promesses que je sais sincères mais ô combien illusoires. Nous redevenons étrangers l'un à l'autre, et cette amitié perdue me brise un peu en secret. Perdre un amant m'est tolérable, perdre notre complicité me l'est beaucoup moins.

 

Ce que tu ne sais pas encore, c'est qu'à ta prochaine rencontre, ton armure désormais inutile te paraîtra bien lourde, et cette fois-ci tu laisseras les mains de ta nouvelle conquête te l'ôter doucement. Je suis la braise qui naît sous la glace, mais c'est elles qui y feront naître la flamme.

 

Et ainsi fini mon rôle dans la partition.

 

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